En juillet 2021 j’écrivais un article sur la série TV « En thérapie » dont le succès inattendu, étant donné le sujet abordé, m’avait évidemment interrogée.
En 2022 j’étais consultée en ma qualité de psychanalyste, par deux journalistes qui ont contribué à l’écriture à huit mains, d’un livre tout fraîchement sorti d’imprimerie ces jours-ci (novembre 2022) sur cette série phénomène.
« En thérapie, la psychanalyse en série », éditions Gründ, d’Emilie Gavoille, Sophie Gindensperger, Guillaume Launay et Joffrey Ricome, vient tout juste de sortir des presses, et il vaut le détour ! Ne serait-ce que parce qu’en s’appuyant sur cette série qui a connu un succès immense, il offre au grand public une chance de se familiariser davantage avec la psychanalyse qui semble souvent si inaccessible et abstraite.
L’ouvrage traite du sujet de la série – la psychanalyse- en abordant les points de vue respectifs du psychanalyste et celui du patient.
Le psychanalyste :
J’ai été notamment consultée par les auteurs sur différents points afférents au « cadre » de la cure, ces questionnements sont effectivement centraux (je les ai abordés dans les articles : « Comment choisir son psy ? » et « Pourquoi faire une psychothérapie ? »).
Ainsi la question du dispositif (assis ou couché sur le divan) m’a été posée, celle de parler/intervenir durant les séances ou ne pas parler, la question aussi de la gestion de l’agressivité du patient (qui n’est autre que la question du transfert qui s’opère sur le psychanalyste), la décision du psychanalyste de prendre des notes ou non durant la séance, l’épineuse question du coût et du paiement des séances et enfin la question du lieu (peut-on recevoir chez soi ? ou vaut-il mieux recevoir dans un cabinet indépendant ?). Tous ces points sont traités simplement dans cet ouvrage par les journalistes éclairés par les avis de psychanalystes.
Les patients :
J’ai eu la chance d’être consultée au sujet du personnage de « Lydia » (interprété par Suzanne Lindon) dans la série, qui se trouve être le personnage qui m’a le plus touchée, les deux saisons confondues. Nous avons pu aborder le sujet des défenses de cette patiente (thème récurrent en psychanalyse), la négation qu’elle fait de son propre corps (« je n’ai pas de corps, il ne peut donc pas souffrir ni être malade »), le déni de réalité (« je n’ai pas de maladie grave, donc je n’ai pas besoin de me soigner »), la limite au-delà de laquelle le psychanalyste ne peut aller (dans la série le psychanalyste accompagne la patiente à l’hôpital pour lui sauver la vie), la question de la place du patient au sein d’une fratrie et d’une famille (quel rôle il s’attribue lui-même), nous avons aussi abordé la question souvent centrale de l’interruption de la cure (à un moment clé où précisément il n’est pas opportun de l’interrompre mais où quelque chose se joue de suffisamment insupportable pour que le patient veuille arrêter), enfin, pour conclure l’ouvrage, il m’a été demandé de dire un mot du personnage d’ « Alain » (interprété par Jacques Weber) en lien avec sa place auprès du psychanalyste.
Un ouvrage qui poursuit la réflexion amorcée brillamment par la série et qui ouvre de nouvelles portes, celles de l’accessibilité à tous de cette aventure intérieure passionnante qu’offre la psychanalyse.
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