Quel peut bien être l’intérêt de faire une psychothérapie (psychanalytique de surcroît !) quand : « on sait bien pourquoi on va mal » ?
Quel moment serait plus propice qu’un autre pour entamer un tel travail ? Après tout, « les choses rentreront bien toutes seules dans l’ordre, non ? »… « Ce n’est qu’un moment à passer, on en a vu d’autres ! ».
Et puis cela coûte cher. Cela n’est pas toujours remboursé comme on le voudrait.
Cela prend du temps, temps qui nous manque.
« D’ailleurs si c’est pour parler, autant parler à ses amis, à ses proches, et c’est gratuit ! ».
« De toutes façons, on ne connaît pas vraiment la différence entre psychanalyste, psychiatre et psychologue. Alors comment choisir ? Et qui choisir ? Autant s’abstenir. »
« Et puis cela peut durer longtemps, on ne veut pas être embarqué et en prendre pour perpète ! ».
Toutes ces questions qui sont bien légitimes, et que tout le monde se pose d’une manière ou d’une autre au moment de décider de consulter, trouvent bien entendu un fondement dans la réalité, dans les contingences et les contraintes du quotidien.
Il n’est jamais aisé d’accepter l’idée que l’on a besoin de se faire aider.
Chaque psychanalyste les accueille et les comprend dans l’intimité de son cabinet avec le patient, pour ce qu’elles sont d’un point de vue purement pratico-pratique dès le début, puis tout au long de la cure psychothérapeutique. Il serait vain de ne pas en tenir compte à mon avis. Car régulièrement ces questions referont surface durant la cure et devront être reprises dans le travail psychanalytique. Autant les aborder dès le début et en tenir compte tout au long du travail.
Néanmoins, ces questions, si elles sont fondées, posent la question, tout aussi réelle et fondée, de la « résistance » au changement, au travail sur soi. Se pose la question de la résistance à la psychanalyse tout simplement.
Car à partir du moment où quelqu’un s’interroge sur l’intérêt et le juste moment d’entamer une « cure de parole », cela révèle un besoin profond de franchir le pas qui tente de se faire entendre. Nier ce besoin revient à nier la nécessité de prendre soin de soi.
Je dis souvent que faire un travail sur soi de ce type peut être comparé à pratiquer du pilâtes et/ou du renforcement musculaire régulièrement. C’est le même principe : cela revient à se renforcer, à se consolider de l’intérieur et en profondeur. Ne pas le faire quand intérieurement quelque chose nous dit qu’il est temps, marque une sorte de désintérêt pour soi-même ou autrement dit, un bénéfice supérieur à rester mal en point plutôt qu’à aller mieux.
Alors, une psychothérapie, pour quoi faire ?
Il y a des moments dans notre vie où l’on ressent une gêne, un inconfort récurrent, voire une souffrance morale. Un événement ou une situation peuvent déclencher ces émotions désagréables voire envahissantes, mais pas toujours. Parfois nous vivons ces émotions depuis longtemps et avons appris à « faire avec » en compensant par tous les moyens possibles conscients et inconscients pour « tenir ». Avec le temps, ces émotions négatives – et parfois au détour d’un événement difficile (maladie, deuil, séparation, chômage etc…) – nous rattrapent et exigent que nous nous arrêtions pour regarder en nous-mêmes. Elles l’exigent parce que corps, cœur et esprit souffrent ; et c’est là qu’il nous faut l’accepter et mettre de côté les arguments en défaveur d’une telle démarche. Car le bénéfice sera réel et assez vite palpable si la « rencontre thérapeutique » a lieu. C’est-à-dire si l’on a la chance de rencontrer un psychanalyste qui nous « convient, avec qui l’on se sent à l’aise pour parler ». L’on décide d’entamer une psychothérapie psychanalytique pour aller débusquer et démêler au fond de soi les constructions qui nous entravent, qui nous font souffrir encore et encore. Démarrer un travail ou parfois, décider d’en reprendre un, c’est se faire un cadeau. Pour reprendre l’analogie avec le renforcement musculaire en profondeur, je considère (par expérience) qu’il s’agit d’une hygiène mentale qui ne représente aucunement un luxe mais plutôt un droit que l’on a d’aller aussi bien que possible.
Pour cela il va falloir accepter de faire confiance à quelqu’un (confiance qui sera d’ailleurs souvent questionnée durant la psychothérapie, et cela est parfaitement normal) et accepter les termes d’un contrat assez exigeant tant en terme de cadre que d’investissement personnel.
Entamer un travail sur soi ne va pas de soi, non ! Mais c’est au prix de certains aménagements et sacrifices que la cure sera payante. Il est important de se dire que l’on investit sur soi-même. C’est un peu l’idée de parier sur soi en se disant que peu à peu, séance après séance, semaine après semaine, mois après mois, la transformation opère sourdement mais réellement, et que l’on gagne en confort de vie.
Une psychothérapie, oui, mais pour quelle durée ?
Cela dépend du souhait de chacun, de l’entente « thérapeutique » entre le psychanalyste et le patient et de l’élément déclencheur de la démarche. C’est donc très variable et aucune durée ne peut être indiquée d’emblée.
En revanche, je ne connais aucune cure qui ait porter ses fruits en-dessous d’une durée relativement longue et d’un investissement régulier. D’ailleurs le format de la thérapie peut parfaitement évoluer au fil des mois, et cela reviendra au psychanalyste et au patient d’en tenir compte et d’adapter le cadre en fonction de l’évolution du travail engagé.
En ce qui me concerne, je considère qu’une certaine souplesse doit être de mise dans le cadre proposé tout en veillant à maintenir néanmoins une structure stable et solide sur laquelle le patient pourra s’appuyer (durée des séances : 45 minutes ; horaires et jours, si possible, à peu près identiques ; tarif et lieu, constants).
Pourquoi choisir de travailler avec un psychanalyste ?
Un psychanalyste travaille avec le « matériel » qu’il a lui-même trouvé dans sa propre cure et dans la formation qui y a été adossée. C’est une formation longue et coûteuse, en temps et en investissement personnel.
Les psychologues et psychiatres ont une formation respectivement universitaire pour les uns, médicale pour les autres. Mais ils n’ont pas forcément fait un travail sur eux. Ce qui peut sembler paradoxal d’ailleurs si l’on considère le regard intérieur porté sur soi-même (« l’insight ») qu’exige la conduite de telles thérapies.
Travailler avec un psychanalyste (qui peut d’ailleurs aussi être psychiatre ou psychologue) qui nous convient est le gage d’un travail profond et structuré dans le temps.
Quel cadre ?
Le cadre dépend de l’école à laquelle adhère le psychanalyste. Dans mon cas, les séances durent 45 minutes et ma pratique est assez interactive. J’interviens durant les séances suffisamment pour ne pas laisser le patient trop seul s’il ressent le besoin d’être davantage soutenu par la parole.
Psychothérapie ou psychanalyse ?
Cette question est discutée lors des premières séances entre le psychanalyste et le patient. Elle dépend du souhait du patient, de ses problématiques et de son souhait de s’engager plus ou moins intensément dans la démarche.
Je propose aux patients que je reçois à mon cabinet (Paris 13e) la psychothérapie psychanalytique pour la plupart d’entre eux, c’est-à-dire que nous sommes assis l’un en face de l’autre ; certaines personnes souhaitent aller plus loin, creuser plus profond : je leur propose alors de s’allonger sur le divan et laisser libre cours à leurs associations d’idées. J’interviens moins verbalement dans ce dispositif mais il est alors proposé deux ou trois séances hebdomadaires au patient qui sera ainsi davantage « contenu » ; cela lui permettra aussi de s’appuyer sur les séances d’une fois sur l’autre avec plus d’aisance que s’il n’y en avait qu’une seule.
Comment choisir son psy ?
Tous les psys ne conviennent pas à toutes les personnes désireuses d’engager un travail sur elles-mêmes. C’est avant tout une question de rencontre entre deux personnalités. Psychiatre, psychologue ou psychanalyste : la question du tarif et de son remboursement n’est qu’un élément parmi bien d’autres pour créer les conditions d’une cure réussie.
Il n’est pas possible de donner de conseils sur ce sujet en réalité car fondamentalement le « courant » doit passer des deux côtés pour que l’engagement soit mutuel et durable.
A la question « Pourquoi faire une psychothérapie ? », je peux aussi répondre simplement : pour prendre le temps de se rencontrer soi-même. Prendre le temps de faire ce travail de débroussaillage souvent fastidieux et douloureux, mais qui nous permet de nous ancrer davantage dans notre réalité tout en nous allégeant de poids encombrants et impossibles à évacuer autrement.
Faire une psychothérapie n’est pas un réel choix finalement, cela s’apparente davantage dans bon nombre de cas, à un besoin simplement vital.
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